Les mâtins de Roanoke

CanichesNouvelle parue dans l’anthologie « Cerbères, molosses et autres caniches », aux éditions Les Deux Crânes, novembre 2018

Sous le règne d’Elizabeth Ière, l’Angleterre envoie des expéditions pour coloniser l’Amérique du Nord. L’une d’entre elles, menée par le capitaine Ralph Lane, s’est établie sur l’île de Roanoke en Virginie. De retour d’une mission d’exploration où ses hommes ont connu la faim et le désespoir, Lane découvre qu’une étrange menace pèse sur leur petite colonie…

Les circonstances de la disparition de la colonie de Roanoke, la plus ancienne tentative d’établissement anglais dans cette région du monde, demeure l’un des grands mystères de l’histoire américaine. Cette affaire a attiré mon attention en 2010, lorsque j’ai lu, un peu par hasard, « Les aventuriers de la reine », un ouvrage passionnant de Giles Milton sur les explorateurs anglais de la fin du XVIème siècle et du début du XVIIème. Fasciné par ce que j’y ai découvert, j’ai aussitôt entamé la rédaction d’une nouvelle mettant en scène Ralph Lane et donnant une explication surnaturelle à la disparition de la colonie de Roanoke. Le sacrifice des fidèles mâtins du capitaine afin de sauver les explorateurs de la famine est un fait historique ; les conséquences de cet acte affreux sont, bien sûr, issues de mon imagination…

Cette nouvelle est restée inédite pendant plusieurs années, jusqu’à ce qu’un appel à textes des éditions des Deux Crânes, sur le thème des chiens, m’offre enfin la possibilité de la publier.

Des dieux et des machines

indexNouvelle parue dans l’anthologie « Les Tisseurs de mondes », aux éditions Arkuiris, octobre 2018

Dissimulés derrière le Rideau Rouge, les Intervenants ont pour unique mission de venir en aide aux héros en détresse. Certains d’entre eux ont autrefois travaillé pour les grands tragédiens grecs, mais ils doivent désormais œuvrer dans des westerns, des BD ou, pire, des histoires grotesques comme les aventures de Benny Marvelous. On ne les respecte plus, on ne les prend plus au sérieux, si bien que l’orage de la révolte commence à gronder chez les Intervenants…

L’origine de cette nouvelle remonte à 2009. Avec un ami auteur, nous médisions au sujet d’un roman de fantasy médiocre (non, je n’en révélerai pas davantage !) et il a eu cette excellente remarque : « Il y a tellement de deus ex machina qu’on les imagine en train de fumer une clope et discuter en coulisse en attendant leur tour. » L’image m’a frappé au point que le projet d’une nouvelle exploitant cette idée s’est aussitôt mis en place, et « Des dieux et des machines » a été écrite facilement dans la foulée. Quand on dit qu’il suffit parfois d’une seule phrase pour déclencher l’écriture d’un texte !

Publier cette nouvelle était moins évident. Ni vraiment humoristique ni vraiment sérieuse, pas tout à fait SF, fantastique ou fantasy, qui pouvait être intéressé par « Des dieux et des machines » ? Envoyée à divers éditeurs suite à des appels à textes thématiques qui me semblaient pouvoir correspondre aux idées développées dans la nouvelle, celle-ci a été refusée à cinq reprises… avant d’être acceptée, en 2017, par l’éditeur qui, a priori, était le moins susceptible de le faire. Arkuiris a plutôt l’habitude de publier des textes relevant de l’anticipation, une science-fiction réaliste, attachée aux problématiques écologiques, sociales, politiques… Je suis d’autant plus fier d’avoir pu intégrer le sommaire de l’anthologie « Tisseurs de monde » !

Les vases de Soissons

MalédictionNouvelle parue dans l’anthologie « Malédiction » aux éditions Mots & Légendes, novembre 2017

Dans les rues de Soissons erre un étrange personnage qui n’a de cesse de visiter les antiquaires du centre-ville. Il est à la recherche du plus beau des vases, grâce auquel il espère lever une terrible malédiction pesant sur lui depuis des centaines d’années…

Étonnamment, bien qu’étant désormais l’auteur de plus de cent nouvelles, une seule d’entre elles se déroule dans ma région d’origine, et encore, il ne s’agit pas là de mon département de l’Oise mais des voisins de l’Aisne ! Celle-ci a été écrite en 2008 et est restée inédite jusqu’en 2017, lorsqu’elle a été publiée suite à l’appel à textes de Mots & Légendes sur le thème des malédictions. Cet « errant » dont j’ai fait le héros de ce texte, inspiré d’une figure historique connue de tous bien que vouée à demeurer anonyme, est un type de personnage récurrent dans mes écrits (toujours avec cette idée sous-jacente qu’une existence éternelle est un sort bien plus terrible que la mort) : par exemple, dans « Vingt-cinq millions de pardons », publié bien avant « Les vases de Soissons » mais écrit un an après, on rencontre le personnage de Jani Beg, condamné à une éternité d’errance pour avoir propagé la Peste Noire au 14ème siècle.

Il menait le Chœur des Cieux

SoundtracksNouvelle publiée dans l’anthologie « Soundtracks » aux éditions Otherlands, novembre 2017

Rééditée à la suite du roman « Mort et vie du sergent Trazom » aux éditions Nestiveqnen, février 2021

Depuis son accession au Paradis, Wolfgang Mozart dirige le Chœur des Cieux, au sein duquel chantent les plus belles voix angéliques. La vie terrestre lui manque et il obtient le privilège de retourner chez lui. Mais le temps a passé, et la Vienne de 1945 n’a plus grand-chose à voir avec celle de 1791…

Cette nouvelle a la particularité d’avoir été entamée au début de l’année 2013 et terminée quatre ans plus tard. Je l’avais commencée alors que germait dans mon esprit ce qui deviendrait mon roman « Mort et vie du sergent Trazom » ; je n’ai eu aucun mal à écrire la première scène, qui présente Mozart dirigeant sa chorale céleste… et séché sur la suite, qui se déroule à Vienne dans les années 40, connaissant alors très mal cette période historique. Ce texte a donc rejoint le cimetière des projets avortés. Quatre ans plus tard, les choses avaient changé : ayant lu de nombreux livres sur le nazisme et la Seconde Guerre mondiale, j’avais enfin le bagage nécessaire pour écrire sur le sujet ; et comme dans le même temps Otherlands (qui avait précédemment publié « Le sourire triste de la Zeemeermin ») lançait un appel à textes sur le thème de la musique, l’occasion était toute trouvée pour reprendre cette nouvelle et enfin l’achever.

Alors que je doutais que « Mort et vie du sergent Trazom » serait un jour publié, j’ai ainsi pu me consoler en faisant paraître un texte sur Mozart… et plus généralement, un texte où la musique tient une place importante, puisque ce n’est que la deuxième fois que cela m’arrive, après « Tout de suite après la pub, l’Apocalypse » au sommaire du recueil « Sans donjon ni dragon ».

Le moine copiste et la Blanche-Face

mortsNouvelle parue dans l’anthologie « Morts » aux éditions des Artistes Fous Associés, octobre 2016

Au cœur d’une abbaye perdue dans les montagnes, le frère Aubin s’est attelé à une tâche qui lui prend la majeure partie de son temps : recopier et enluminer une Bible qui, dans ce monde ravagé par la Grande Hécatombe, n’existe plus qu’en un unique exemplaire. Alors que le point final approche, un visiteur inattendu pénètre dans son scriptorium ; laissera-t-on au moine la possibilité d’achever le travail d’une vie ?

Les premières versions de cette nouvelle sont si anciennes que, depuis le temps, j’ai oublié dans quelles circonstances m’est venue en tête l’histoire de ce moine obsédé par le livre qu’il est chargé de copier. L’ambiance générale doit sans doute beaucoup à ma lecture du Nom de la Rose ; quant à l’abnégation du frère Aubin, elle est finalement à rapprocher d’un sentiment personnel, que j’imagine commun à de nombreux auteurs : depuis que j’écris, je songe toujours au fait que je n’ai pas le droit de mourir tant que je n’aurai pas terminé d’écrire le roman / la nouvelle qui m’occupe actuellement… et ensuite, on verra bien !

Il s’est écoulé douze ans entre la rédaction de « Le copiste et la mort » — le premier titre de cette nouvelle — et sa publication. Elle a connu de nombreuses petites retouches au fil du temps, notamment en changeant quelque peu de contexte, passant du pur fantastique à un univers post-apocalyptique tout juste suggéré. Avant d’être acceptée par les Artistes Fous dans sa forme définitive, cette nouvelle a vu ses premières moutures refusées par un éditeur en 2006, puis par un autre en 2008… Deux maisons d’édition qui, entretemps, ont malheureusement été rattrapées par la Grande Faucheuse.

Ihr Letztes Wort, depuis 1867

Puzzles

Nouvelle parue dans l’anthologie « Pièces de puzzles » aux éditions HPF, avril 2016

Aux alentours de 1900, à Vienne, la société « Ihr Letztes Wort » consiste en l’association de deux détectives d’un genre très particulier : leurs pouvoirs leur permettent d’exhumer d’une chambre mortuaire les ultimes paroles prononcées par un mourant… Quel secret révélera l’examen des derniers mots du baron Franz von Schönstein ?

L’appel à textes des éditions HPF sur le thème de « L’Enquête » aurait dû ne pas m’inspirer : de manière générale je suis peu friand de polar, que ce soit en tant qu’auteur ou en tant que lecteur. Je ne sais plus précisément comment et pourquoi j’ai associé cette thématique aux dernières paroles d’un mourant, mais c’est une idée qui m’a frappé d’un coup et qui m’a hanté durant des semaines avant que je me décide à la concrétiser par l’écriture d’une nouvelle. Celle-ci aurait tout aussi bien pu se dérouler à Paris ou à Londres, mais comme dans le même temps j’écrivais un roman mettant en scène un certain Wolfgang Mozart, le choix s’est porté tout naturellement sur un contexte autrichien.

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Rends-moi mes légions

Sansdonjon

Nouvelle parue dans le recueil « Sans Donjon ni Dragon » aux éditions Nestiveqnen, mars 2016

Fort de ses trois légions, le général Varus pense qu’il n’aura aucun mal à soumettre au nom du César Auguste les pays barbares au-delà du Rhin. Il peut en outre compter sur l’appui de guerriers autochtones, et notamment le vaillant Arminius, fils du roi des Chérusques… Mais en cas de trahison les conséquences seront dramatiques, et les fantômes romains erreront nombreux dans les impénétrables forêts de Germanie…

L’anéantissement des trois légions de Varus dans la forêt de Teutoburg, en l’an 9 de notre ère, est l’un des événements les plus tragiques de l’histoire romaine. Quand j’ai écrit cette nouvelle, au printemps 2009, j’ai fait en sorte de rester fidèle à ce que l’on connait de la réalité historique, même si je n’ai pas fait l’économie d’une conclusion empreinte de fantastique… de la même manière que Fabien Clavel, dans son roman « Furor » paru en 2012, a ajouté une touche de science-fiction au récit de cette même bataille.

« Rends-moi mes légions » est une nouvelle à laquelle je suis très attaché, peut-être parce que le massacre de Teutoburg est un événement historique qui me fascine tout particulièrement depuis des années. J’ai donc plusieurs fois essayé de « caser » cette nouvelle ici ou là, malheureusement sans succès… Je suis ravi qu’elle ait enfin pu trouver sa place parmi les inédits de « Sans Donjon ni Dragon ».

Le blues de Zwarte Piet

Sansdonjon

Nouvelle parue dans le recueil « Sans Donjon ni Dragon », mars 2016

Quand arrive enfin le mois de décembre, tous les enfants néerlandais se réjouissent de voir le vieux Sinterklaas, sa hotte chargée de cadeaux et son aide distribuant bonbons et biscuits : l’Africain Zwarte Piet. Mais cette année, Saint Nicolas sillonnera les rues d’Amsterdam sans son vieil acolyte : au nom de la lutte contre le racisme, le bon Noir a été banni de la fête…

C’est un débat qui secoue régulièrement les Pays-Bas à l’approche des fêtes de fin d’année : Zwarte Piet, l’acolyte Noir de Saint-Nicolas, doit-il être supprimé car coupable de véhiculer des stéréotypes racistes ? J’ai découvert en décembre 2013 l’existence de ce personnage et les polémiques qu’il suscite, ce qui m’a aussitôt inspiré ce « Blues de Zwarte Piet ». Il s’agit de l’une de mes rares nouvelles s’attachant à un fait d’actualité ; d’ordinaire je suis plus à l’aise avec l’Histoire ou la mythologie… Cependant celle-ci a beaucoup plu à mon éditeur, qui a souhaité la voir faire partie des inédits de mon recueil « Sans Donjon ni Dragon ».